Où mène cette course à l’innovation ?

— Design strategy —

“Profuse strains of unpremeditated art.” (Shelley)                 Pourquoi l’entrepreneuriat est-il si attractif dans le domaine numérique ? Monter sa boîte est-il le seul modèle de liberté et d’épanouissement ?

L’avènement du numérique bouleverse tous les secteurs, qu’ils soient économiques, politiques ou sociaux. Son évolution constante oblige tout le monde à se renouveler, se remettre en question et prendre la voie de « l’innovation ».

Pour ceux qui ont la volonté d’entreprendre, c’est un chantier qui offre une multitude d’opportunités. D’un côté, pour les entrepreneurs, à la fois sources de nouvelles idées mais surtout capables de s’emparer facilement des dernières avancées. D’un autre côté pour les grandes entreprises ou institutions, moins souples dans leurs mode d’appropriation mais dont les moyens et l’expérience sont nécessaires au déploiement des innovations.

L’économie mondiale a donc besoin des petits comme de grands, mais a surtout besoin d’enseigner aux grands comment aider les petits.   

Aujourd’hui les nouvelles technologies se déploient plus vite que notre capacité à les transmettre. Les ponts à établir entre les différents domaines et leurs générations sont nécessaires pour nous permettre d’agir en complémentarité.

42, un modèle de liberté loin du système classique

L’école 42 a été fondée à la suite de l’épitech et de l’Etna en 2013. C’est une école dont la méthodologie d’éducation est basée sur l’apprentissage du code et du travail en équipe. C’est un exemple remarquable en matière d’innovation systémique. Révolutionnaire, cette école est gratuite et ouverte à « tous », même aux non-diplômés, sous couvert de réussir l’examen d’entrée « la piscine ».  Cet examen évalue la capacité des élèves à organiser leur temps et leur énergie, à apprendre par eux-mêmes et avec les autres, en « peer to peer ».

Une fois l’examen passé, les élèves ont 21 niveaux (xp) à passer, dans le temps et l’ordre qu’ils souhaitent. Sans cours, ni professeurs, tout leur système d’apprentissage est auto-régulé. Ils se repèrent dans un intranet, qui s’apparente à un jeu vidéo, dans lequel ils choisissent leurs modules et leurs exercices, aident les autres élèves etc.

Des projets de toutes sortes leur sont également proposés : stages, volontariat, échanges à l’étranger, projets inter-écoles etc. Ces projets contribuent à ouvrir le champs des possibles et à compléter leurs études en programmation par de la gestion de projets interdisciplinaires. La discipline et l’organisation interne de l’école est elle aussi régulée numériquement, selon un système de « points », en fonction des efforts ou des écarts que commettent les élèves au sein de l’école. Tout cela en vue de favoriser l’implication communautaire.

Le paradoxe 42

<sub>Le succès de 42 est né de cette volonté de casser les codes et de proposer un modèle de formation original. Le résultat est à l’image de l’école : des élèves autonomes dans leur apprentissage, motivés, capables de travailler en équipe et surtout désireux de changer le monde.

Il en résulte un paradoxe certain : même si les étudiants de 42 sont très convoités par les grands comptes, ils sont pourtant très nombreux à refuser de belles propositions et à
préférer créer leur propre entreprise.</sub>

Ainsi est né le programme Matrice,

Je suis arrivée au moment où 42 commençait à évoquer l’idée de créer une voie entrepreneuriale pour ses étudiants. Mon mémoire de fin d’étude portait sur le poids de la mixité des profils dans l’innovation et c’est ainsi que j’ai rejoint l’équipe 42, pour aider à concevoir ce projet.

Voué à favoriser la collaboration entre étudiants, startups, chercheurs et grands comptes autour de thématiques innovantes, Matrice souhaite soutenir et encourager l’émergence de nouveaux projets, qui répondent à des problématiques de réalité économique, sociétales et sociales. Autour d’un grand partenaire, qui expose une problématique de terrain inspirante, sont rassemblés des étudiants de différentes écoles, des experts et des coachs motivés à l’idée d’y trouver de nouvelles solutions. Chaque matrice dure 10 mois, pendant lesquels les participants sont formés à l’entrepreneuriat, aidés par un écosystème impliqué. Par exemple matrice avec blablabla Matrice rassemble des profils variés et complémentaires, favorise l’échange de compétences et la prise d’initiatives. Les solutions proposées par les équipes-projets pourront ensuite être développées en interne (intrapreneuriat) ou bien prendre une forme juridique autonome (entreprise, association etc.) si les équipes qui les portent souhaitent poursuivre à la suite du programme. 

La confrontation entre des mondes contraires, autour d’une problématique inspirante.





Ce n’est pas seulement le résultat qui compte, mais l’apprentissage des étudiants comme des salariés, la confrontation entre les différents mondes, et la transmission des savoirs qui s’opèrent durant ce processus.

[ PROJET MATRICE ] L’équilibre des différences.

1. Numérique et nouvelles intelligences
2. Etat augmenté
3. Révolution verte
4. Interactions créatives
5. Protection et liberté
6. Média Lab
7. Cadre de vie et bien-être
8. Nouvelle république des Lettres
9. Nouvelles industrialisations
10. Finances nouvelles
11. Trajectoires professionnelles
12. Jeux de force

Voir grand mais commencer petit


Au départ, nous n’étions que trois, le directeur du programme, la directrice de la pédagogie et moi.

Nous avions commencé par tester nos intuitions en lançant la “matrice autisme” qui rassemblait l’Institut Pasteur et 42 sur les questions de l’autisme. L’Ecole de Condé (design), le CRI, des patriciens, des associations de parents d’enfants atteint du syndrome autistique et des chercheurs du CNRS ont également participé à la réflexion et au suivi des équipes-projet. Le projet a duré 4 mois et a confirmé la force de cette mixité de profils dans l’émergeance de solutions numériques impactantes.

Aujourd’hui, deux ans après, nous sommes une équipe de 20 personnes, avec plus d’une douzaine de matrices terminées ou en cours. (pour aller voir les projets site internet)

La place du design dans ce processus de réflexion

Le design est un élément stratégique, au coeur de chaque processus d’innovation. Mon rôle s’est joué dès la réflexion et l’émergence du programme. J’ai eu un rôle transversal, touchant à la fois à la vision et à la stratégie d’ensemble. Mes compétences se sont révélées à travers les mises en forme variées rendant tangibles nos idées.

Un rôle transversal : entre le théorique et le communiquant, entre le visionnaire et l’opérationnel, entre le penseur et le codeur.  

La pluralité des projets au sein de Matrice nourrit la dimension stratégique du design. S’y exerce un jeu d’équilibre entre recherche, apprentissage et transmission.

Découvrir les projets développés par Matrice.

Missions stratégiques :

• Matrice : l’émergence d’une identité hybride unissant humain et numérique.

• La conception et le suivi des matrices, à commencer par la Matrice Art & Numérique.

• La conception d’un accompagnement stratégique des équipes afin qu’ils intègrent les questions et outils design au service de leurs projets.

Missions opérationnelles :

• Graphisme : conception et déclinaison des supports de communication.

• Webdesign : conception et réalisation du site internet.

• UX/UI design : conception, réalisation et mise en place d’un intranet favorisant les échanges interne au coeur de l’écosystème matrice.

• Design management : Identités et suivi des différentes matrices en prestation externe avec des designers freelances...

Le design stratégique, un rôle transversal.